Taqawan par Éric Plamondon 5/5 Prix: Finaliste au Prix Louis-Guilloux (2018), finaliste Prix littéraire des lycéens et apprentis de la région Auvergne-Rhône-Alpes (2018-9), Prix Frye-Académie (2018), Prix des Chroniqueurs Toulouse Polars du Sud (2018), finaliste au Prix des lecteurs de Quai du Polar (2018), Prix France-Québec (2018) English: No English translation has been published. *Merci à TL pour le prêt. Définitivement le meilleur à ce jour. Résumé Il avait démissionné, une jeune Mi’gmaq se trouvait sous sa protection, deux hommes étaient morts et une partie du Québec voulait qu’on en finisse une fois pour toutes avec les Indiens. Cette histoire commence en Gaspésie, le 11 juin 1981. Cette histoire commence il y a des millénaires, avant les Vikings, avant les Basques, avant Cartier. Cette histoire commence avec les Mi’gmaq. Pour eux, c’est la fin des terres, Gespeg. Pour d’autres, c’est le début d’un nouveau monde. Alors que trois cents policiers de la Sûreté du Québec débarquent sur la réserve de Restigouche pour saisir les filets des pêcheurs mi’gmaq, un agent de la faune change de camp, une adolescente affronte ceux qui ont humilié son père, un vieil ermite sort du bois, une jeune enseignante s’apprête à retourner dans son pays – pendant que le saumon devenu Taqawan, au retour de son long périple en mer, remonte la rivière jusqu’au lieu de sa naissance. Ma chronique Pour ceux qui me suivent depuis quelque temps savent que je ne donne les cinq étoiles complètes que dans des cas très rares. En fait, si je le distribuais librement, il perdrait de sa signification lorsque je place cet honneur sur un livre qui en vaut vraiment la peine. Taqawan se trouvera sans aucun doute dans mon palmarès des meilleurs bouquins de l’année et se classe surement parmi mes lectures québécoises favorites à vie. Taqawan illumine un événement parmi tant d’autres. C’est un simple épisode dans une longue histoire qui date depuis l’arrivée des premiers colonisateurs au Québec. Ce n’est ni le moment le plus tragique ni le plus sensationnel, mais qui devrait s’inscrire tout de même dans le curriculum des jeunes écoliers en raison de son importance pour la région et sa proximité temporelle. On ne parle pas des massacres d’y à plusieurs centaines d’années. Taqawan se passe dans leQuébec des années 80. Il y a quarante ans seulement. Un Québec raciste et colonisateur. Un Québec à travers lequel je ne me reconnais pas, mais qui je sais persiste encore dans des petits foyers. Lorsqu’on pense à ça, ça ne peut que frapper plus fort.
Pourtant, ce que l’on retient le plus de Taqawan ce n’est pas l’aspect politique, quoique très présent. On retient le battement de cœur de la jeune autochtone Océane lorsqu’elle tient tête à l’homme blanc. On ressent jusqu’au plus profond de l’âme ces femmes qui voyagent des heures pour aller voir leurs maris au poste de police. On frissonne lorsque l’enseignante française regarde tout ça avec des yeux d’étrangère parce que même si on vient d’ici, on n’arrive pas à comprendre le pourquoi du comment. Par contre, le danger c’est de tomber dans le drame dramatique voire l’exagération. Tout pour ce dire que « ben non, c’est sûr que ça ne s’est pas passé comme ça ». Le style de Plamondon réussit à tout clarifier. Plamondon a une formation de journaliste ce qu’on peut ressentir lorsqu’il décrit les péripéties de manière presque didactique. C’est des simples faits. Pas besoin d’ajouter des grandes métaphores sordides ou d’hyperbole à n’en plus finir, la réalité est assez dure comme ça. De plus, il ponctue le récit avec des pauses de culture populaire que tous peuvent comprendre. Il est très rare que je sois capable de pointer avec précision mon moment préféré d’un roman, mais dans Taqawan, je n’ai pas de doute. Dans le deuxième chapitre, il ouvre en parlant de Céline Dion, la reine du Québec. Elle est encore toute jeune à l’époque et pendant qu’elle frôle les planches pour la première fois, la réserve des Mi’gmaq se fait envahir par des policiers qui volent leur moyen de subsistance principal. On comprend toute la force de l’auteur. Il arrive à peindre deux mondes parallèles dans un même pays. Deux réalités qui se définissent par une frontière inexistante sur les cartes, mais claire dans les esprits. Un de ces mondes nous est familier alors que l’autre est inconnu, mais ils sont tous aussi tangibles. Taqawan est un « wake-up call ». Nous n’avons aucune idée sur ce qui se passe dans les réserves, car nous habitons dans un univers où les chansons pop remportent le concours de la première page du journal. Il est important de comprendre le bon et le mal dans toutes les choses. Particulièrement lorsqu’on regarde nos politiciens. Certaines motions sont excellentes, d’autres vont briser des vies et rien ni personne n’est parfaitement innocent. Taqawan porte la réflexion plus loin. Est-ce possible de se venger ou faut-il simplement souffrir en silence? Est-ce qu’une personne peut changer de camp d’un jour à l’autre en toute moralité? Bref, Taqawan est un livre qui pose de nombreux doutes sur nos propres conceptions du monde dans lequel on vit. C’est une lecture marquante que je recommande à tous. Si vous avez aimé Taqawan, vous allez adorer… La femme qui fuit par Anaïs Barbeau-Lavalette Mãn de Kim Thúy Maïna de Dominique Demers
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