Il y a un vieux dicton dans ma famille : « Tu es à tes 18 ans comme tu l’seras l’restant de ta vie ». On ne sait pas vraiment d’où ça vient, mais mon grand-père, un homme de peu de mots, la répétait sans cesse à ces quatre enfants, incluant ma mère, qui l’a ensuite transmise à ma petite sœur et à moi. Après une rapide recherche sur notre fidèle ami « Google », j’ai conclu qu’il ne s’agit pas d’une expression de France, d’où provient nos ancêtres, ni acadienne, « breyonne » ou du Nouveau-Brunswick, là où mes parents ont grandi. D’ailleurs, mon père, qui vient d’une ville à 15 minutes du village de ma mère, n’a jamais entendu cette expression avant de rencontrer mon grand-père. Une expression qui semble construite de toute pièce par le côté Pelletier de ma génétique dans le petit village de Verret (prononcé Verrrrette). J’ai toujours eu un malaise profond lorsque mon grand-père, ma mère ou ma tante me répétait cette expression. D’une part, mon côté analytique me dit que psychologiquement les humains sont toujours en évolution. Nous sommes seulement qu’un motton de d’organes et d’eau qui apprend (ou pas) de ces erreurs et de ces succès. Notre seul but sur terre est de continuer à s’améliorer pour laisser un monde meilleur pour la prochaine génération de motton. La stabilité n’est vraiment pas notre fort. Je sais que, par exemple, je ne suis pas la même personne qu’il y a 10 ans, à l’école primaire en train de me faire mettre la tête dans un casier d’école parce que c’était drôle. Je ne suis pas la même personne qu’il y a 5 ans lorsque je mettais du fard à paupière rose fluo parce que je voulais être comme Avril Lavigne. Je ne suis même pas la même personne qu’il y a un an lorsque je posais mon pied pour la première fois à Brébeuf en tant que cégépienne. J’ai maturé, j’ai appris et j’ai grandi. Par contre, une partie de moi aime penser que je pourrais véritablement avoir 18 ans pour le restant de mes jours. Pas pour garder la même apparence physique, mais pour garder cette mentalité que tout est possible. Call me naïve, je crois fondamentalement à la magie et au bien dans les gens. Malgré les médias qui nous bombardent avec les pires nouvelles à chaque seconde, je n’ai pas encore vu quelque chose qui m’a fait perdre foi en l’humanité. Je veux désespérément garder mon sens de l’émerveillement qui me permet de me laisser aller quand je danse, quand je lis un livre ou quand je voyage. Peut-être est-ce possible de continuer à vivre ces moments même lorsqu’on vieillit, mais être emprisonné dans le cycle travail-maison-famille, on voit tant d’adultes qui sont pleins de stress ou de responsabilités pour voir les belles choses devant eux. Bien sûr, tout ça vient du point de vue d’une fille, blanche, privilégiée, égocentrique et pleines d’autres défauts. Je ne souhaite pas être comme ça le reste de ma vie, à m’inquiéter de l’opinion des autres, à rester avoir peur de foncer ou de dire non, à avoir peur du futur. J’ai envie d’avoir peur de rien et d’être une bosslady moderne dans le style Sophia Coppola ou Hillary Clinton. Pour le moment, j’oscille entre les deux mondes, mi-adulte, mi-adolescente. Au final, peut-être que les mots de mon grand-père sont plus un conseil qu’un véritable dicton. Peut-être qu’il me conseille vraiment à garder mon cœur jeune même dans les temps durs comme il en tant vu. Je crois que j’aime bien cette hypothèse. Xx
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What we see when we read by Peter Mendelsund February 2016 5/5 Mind-blowing. That’s the first word that comes to mind when I think about the reading experience, because What we see when we read is a complete reading experience. From the words, to the gripping images and book design, it’s impossible to stay unmoved after closing it. I strongly believe that every reader needs to read this, since it unravels a lot about the mystery of reading. The thoughts are so well-crafted and I would agree with every single one of them, although some of them were a bit repetitive. It forced me to think more about what was going on in my brain when reading fiction, and I can say that it definitely impacts the way I read now, mostly I don’t try to create an image of a character anymore. The art is beautiful and matches the book and its chapters perfectly, and it shows that Mendelsund is a prized book designer. I’ll definitely check out other books by him in the future and will get my hands on his copy of his other book: Cover. Des femmes savantes par Chloé Savoie-Bernard Février 2017 5/5 *Lu dans le cadre du prix littéraire des collégiens: http://prixlitterairedescollegiens.ca * *Contient du contenant sexuel explicit* Des femmes savantes est, sans aucun doute, une lecture bouleversante. Parfois douces et vulnérables, parfois violentes et cruelles, les femmes de Chloé Savoie-Bernard sont incroyablement humaines. Chaque histoire suit les aventures de plusieurs femmes, mais on a l’impression qu’il existe une camaraderie entre ces femmes, même si elles ne se connaissent pas. Elles sont toutes unies par une profonde lassitude et un dégoût pour ceux qui les entourent, mais surtout elles-mêmes. Ces femmes représentent les désirs les plus refoulés des femmes. Cette envie de briser des murs et de crier le plus fort possible afin que quelqu’un les écoute finalement. Elles sont toutes prises dans une détresse émotionnelle amplifiée par la prose poignante de Savoie-Bernard. L’écriture est sans délicatesse et vient nous chercher au plus profond des tripes. Ce roman ne parle pas de comment une femme se redresse d’une épreuve ou de comment elle réussit à effacer un bobo en rencontrant un autre homme comme dans les films d’amour. Des femmes savantes raconte les moments durs que personne ne voit. Ces moments où l’on pense que le ciel va nous tomber sur la tête, ou l’on perd complètement notre fil conducteur et où l’on succombe aux pulsions destructrices. Ces moments où l’on a simplement l’envie de disparaître et de ne jamais revenir. Même les hommes peuvent s’identifier à ces émotions. L’omniprésence de la sexualité donne un pouvoir exceptionnel à des femmes trop souvent vues comme des objets. La sexualité montre que, même lorsqu’une femme est brisée en milles morceaux, elle reste forte et maîtresse de son corps. Des femmes savantes est un roman féministe qui mérite d’être lu entre Simone de Beauvoir et Virginia Wolfe. La contemporaine Chloé Savoie-Bernard a le don de l’écriture et le talent de devenir une des grandes romancières de notre temps. Des femmes savantes reste une des oeuvres les plus mémorables et rafraîchissantes qui soit atterrie sur ma table de chevet. |
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