Le plongeur de Stéphane Larue Janvier 2018 4/5 *Lu dans le cadre du Prix littéraire des collégiens 2018: https://www.prixlitterairedescollegiens.ca Prix: Finaliste pour le Prix littéraire des collégiens, Prix des libraires du Québec, Prix Senghor du premier roman francophone et francophile English: No announcement for an English translation has been made. Résumé Nous sommes à Montréal au début de l’hiver 2002. Le narrateur n’a pas vingt ans. Il aime Clive Barker et Lovecraft, le métal, les comic books et les romans de science-fiction des années soixante et soixante-dix que lui prête son père. Étudiant en graphisme, il dessine depuis toujours et veut devenir bédéiste et illustrateur, comme ses idoles Moebius et Tibor Csernus. Mais depuis des mois, il évite ses amis, ment, s’endette, aspiré dans une spirale qui menace d’engouffrer sa vie entière : c’est un joueur. Il joue aux loteries vidéo et tout son argent y passe, de même que celui qu’il emprunte à sa copine Marie-Lou et à son cousin Malik. L’hiver installé, il se retrouve à bout de ressources, sans appartement. Il devient plongeur au restaurant La Trattoria, projeté dans un rush dès le premier soir. Le cuisinier qui l’accueille et lui donne son training accéléré, c’est Bébert, ogre infatigable au bagou de rappeur, encore jeune à vingt-cinq ans mais qui a travaillé partout, déjà usé par l’alcool et le speed. Pendant un mois et demi, ils enchaîneront ensemble les shifts de soir et les doubles, et Bébert tiendra auprès du plongeur le rôle de mentor malgré lui et de flamboyant Virgile de la nuit. On découvre ainsi le train survolté d’un restaurant à l’approche des fêtes et sa galerie mouvante de personnages, propriétaire, chef, sous-chefs, cuisiniers, maîtres d’hôtel, serveuses, busboys et suiteurs.-- Goodreads Ma chronique La saison 2018 du Prix littéraire des collégiens (PLC) est lancée! Franchement, je suis très surprise avec la sélection de cette année qui, après avoir seulement lu les résumés, me semblent encore plus intéressante que celle de l’année dernière. En bref, le PLC est une activité organisée avec le périodique Le Devoir qui choisit les 5 meilleures œuvres littéraires québécoises de l’année. Chaque école participante doit ensuite choisir le meilleur roman parmi la sélection et envoyer un représentant débattre à Québec, Canada pour défendre le choix de l’école et espérer le voir gagner. Il y a également un concours de critique littéraire associé qui demande à chaque école d’envoyer une chronique par livre, par la suite, les meilleures seront publiées sur le site web du Devoir. Je recommande fortement à tous les cégépiens de s’inscrire à cette formidable activité qui joins débat oratoire, littérature québécoise et critique littéraire. Le plongeur est le premier roman que j’ai terminé pour l’année 2018! J’ai décidé de mis attaquer principalement, car il s’agit du plus long roman du PLC cette année et qu’il serait plus facile de le terminer en vacances qu’au milieu de l’année scolaire. La longueur du roman (600+ pages) me décourageait même si le résumé avait l’air intéressant. C’est seulement après une centaine de page que j’ai réellement embarqué dans le récit. Le plongeur est mon premier livre qui traite de l’addiction, particulièrement une qui ne m’est pas très bien connu soit celle des loteries vidéo. Le narrateur, qui reste anonyme jusqu’à la fin, se retrouve dans un milieu de pauvreté, presque sur la rue. Il perd ces amis et tout ce qui lui tenait à cœur. C’est triste et frustrant. J’avais envie de le brasser et de lui dire qu’il était plus fort que le bruit des machines. Le plongeur est une expérience de lecture frustrante. Il est difficile de regarder quelqu’un s’autodétruire et être incapable d’agir (ahh le paradoxe de la littérature, on se sent si proche mais si loin des personnages). Ce roman nous fait définitivement ressentir des émotions fortes. Il est difficile de savoir à quel point Le plongeur est autobiographique. Il s’agit du premier roman de Stéphane Larue qui a lui-même travaillé pendant longtemps dans le milieu de la restauration. Il y a quelque chose d’intensément personnel dans son écriture et dans la présentation du protagoniste. J’ai l’impression que lorsqu’on parle d’un sujet aussi difficile comme le suicide ou l’addiction, il y a des choses que l’on ne peut pas imiter. Le style d’écriture est brutalement honnête et destructeur ce qui rend le protagoniste attachant malgré ces erreurs continues et les mensonges. Il n’était pas glamour, et, bien que je n’aie jamais rencontré quelqu’un dans sa situation, il me semblait authentique et crédible voir attachant. Le cadre de l’histoire m’a également jeté dans une mer inconnue. Je n’ai jamais travaillé dans le milieu de la restauration, et je ne mis connais pas beaucoup en heavy metal ou en comic books. Par contre, les longues descriptions, parfois jusqu’à une dizaine de pages, des « rushs » au travail et de la préparation de la cuisine étaient fascinantes. Tout est extrêmement frénétique comme si le personnage remplaçait le buzz de l’addiction par celui de la cuisine. Par contre, je crois qu’il me manquait de nombreuses références pour pouvoir admirer le roman dans toute sa splendeur. J’aurais aimé connaître les chansons qu’écoutait le protagoniste à travers l’histoire. J’aimerais comprendre à quel dessinateur il faisait référence. L’impact de mon manque de culture général ne m’a pas tant nuit au final, mais j’imagine que quelqu’un qui grandit dans cet univers à une appréciation beaucoup plus profonde pour les nombreux moments où le personnage s’isole au son de Iron Maiden. De plus, il y avait également de nombreuses longueurs. Le plongeur aurait pu être 200 pages, peut-être 300 pages, de moins. Il s’agit probablement d’une décision de l’auteur de conserver l’histoire aussi réelle que possible (si la théorie du roman autobiographique s’applique), mais il n’en reste pas moins que c’était long et lent. Certes les descriptions des soirées au restaurant et dans les bars étaient bien écrites, mais après plus d’une dizaine qui se ressemblent plus ou moins, il est difficile de justifier leur nécessité. Le personnage s’en sort, rechute, arrête de jouer, rechute, rencontre quelqu’un, rechute… Au final, Le plongeur débute très bien cette nouvelle année et édition 2018 du PLC. Il s’agit également d’un début prometteur, et très bien reçu de la critique, pour Stéphane Larue. Le style d’écriture et le personnage principal font toute la richesse de l’œuvre. Malgré les longueurs considérables, j’en ressort une réflexion fort intéressante sur l’addiction, un sujet qui affecte beaucoup plus de gens que l’on pense. Si vous avez aimé Le plongeur, vous allez adoré… It’s kind of a Funny Story (Tout plutôt qu’être moi) by Ned Vizzini The Rest of Us Just Live Here (Nous autres simples mortels) de Patrick Ness The New York Trilogy #1 City of Glass (Cité de verre) by Paul Auster P.s.: Si vous pensez connaître quelqu’un qui traverse un problème de jeu ou êtes vous-même touché, contacter le numéro suivant pour recevoir des conseils et du soutien: 1 866-SOS-JEUX ou le 1 800 461-0140
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Nos gloires secrètes de Tonino Benacquista Janvier 2018 3,25/5 Prix: Prix de la nouvelle de l’Académie française (2014) et Grand Prix SDGL de la nouvelle (2014) English: No English translation has been announced. Merci à KVN pour m’avoir offert ce livre. Résumé Un meurtrier anonyme, un poète vengeur, un parfumeur amoureux, un antiquaire combattant, un enfant silencieux, un milliardaire misanthrope. Les personnages de ces six histoires ont un point commun : leur vie intérieure est bien plus exaltante que leur vie quotidienne. Et leur part d’ombre n’est rien en comparaison de leur part lumineuse. Une vérité que l’on tait, un exploit que l’on cache, un passé inavouable. Lequel d’entre nous ne garde pas, enfouie au plus profond, sa gloire secrète ? – Goodreads Ma chronique Nos gloires secrètes n’était pas exactement ce à quoi je m’attendais. Le résumé semble insinuer que les six histoires vont éventuellement convergées dans une seule, mais il s’agit plutôt de récit distinct uni par le thème un peu vague des gloires secrètes. Déjà, ce thème ne m’a pas semblé parfaitement clair à travers l’œuvre. Dans certaines des nouvelles comme le « Meurtre dans la rue des cascades », la thématique était plus certaine, alors que dans d’autres comme celle sur l’enfant silencieux, je ne comprenais pas le lien. De ce que j’ai compris, des « gloires secrètes » sont une petite victoire qui émane d’une fierté liée à un événement malsain. Plutôt vague. Le style d’écriture demande une grande concentration, c’est un flux de conscience constant. Les personnages sont emprisonnés dans leur tête et nous lisons secondes par secondes leur pensée. C’est comme un journal intime, mais beaucoup plus naturaliste. Au début, il est difficile de s’adapter à un tel style, mais plus les histoires avancent, plus on s’habitue. De plus, particulièrement dans la première histoire, nous avons une narration entrecoupée de retour en arrière et des sauts en avant. Il ne faut pas manquer une ligne sinon l’histoire devient incompréhensible. Mon histoire préférée est la dernière, « L’aboyeur ». Elle mélange surréalisme avec la narration en continue qui créer un effet presque onirique chez le lecteur. Il y a une grande disparité de longueur entre les six histoires. Certaines sont une vingtaine de pages alors que d’autres une cinquantaine. Évidemment, les plus longues furent plus riches et plus intéressantes que les plus courtes dont j’avais de la difficulté à saisir la pleine portée. Outre le fait qu’il y avait quand même des incohérences, Nos gloires secrètes est très facile à lire. C’est le genre de livre qui se lit avec une tasse de thé lors d’un après-midi pluvieux. Il est macabre et tordu, parfois vengeur. Les personnages aux gloires secrètes semblent incroyablement seuls, tristes et avec des tendances sociopathes. Ils aiment voir leur propre vie ou celle des autres tombées en ruine. Les « glorieux » ne sont pas des bonnes personnes, mais des bons personnages. Nos gloires secrètes n’est pas le genre de lecture que l’on se souvient pour toujours, mais qui revient de temps en temps hanter notre mémoire en nous rappelant peut-être que chacun d’entre nous à une gloire secrète. Benacquista dirait probablement qu’elle est inévitable. Si vous avez aimé Nos gloires secrètes, vous allez adoré… Mercure de Amélie Nothomb Mektoub de Serge Lamothe La traversée du siècle #20 Un ange cornu avec des ailes de tôle de Michel Tremblay |
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